annexe 22D

Une origine commune entre les deux familles ?
ou
Comment un article de Wikipédia sait tromper le lecteur

On propose ici au lecteur de bien vouloir considérer que ce n’est pas, cachés derrière leurs pseudonymes, que des intervenants de Wikipédia vont s’arroger le droit de faire le tri dans les généalogistes, d’en retenir ceux qui leur plaisent et d’écarter ceux qui leurs déplaisent. 

Wikipédia – par un pseudonyme Heurtelions – présente dans l’article consacré au colonel du Puy-Montbrun l’information selon laquelle sa famille n’a « aucun lien généalogique » avec la famille « du Puy-Montbrun éteinte depuis 1741 » dont il porte le nom ».

À l’appui de cette affirmation une unique source, Régis Valette en 2007. On lit bien dans cette source :

La date de 1741

Régis Valette présente comme date d’extinction : 1741, la seule date que personne d’autre que lui [Voir Annexe 2A], sauf La Chenaye Desbois qui a du être sa source, ne retient aujourd’hui. 

En 2016, les travaux de Gilbert Picron donnent 1901 pour la date d’extinction, date retenue aussi par Woelmont (pour partie), E & E Haag strictement et un sociétaire du Grand Armorial de France (pour partie aussi).

Le pseudonyme Heurtelions ne respecte en rien la règle de l’encyclopédie qui impose (quand on le peut) de s’en tenir aux sources les plus récentes, dont ici Gilbert Picron qui donne 1901 pour date d’extinction en 2016.

On a montré par ailleurs que 1741 est la date de l’extinction des membres mâles français de cette famille. C’est donc mentir que de la dire éteinte à cette date. Elle continuait à vivre en Hollande et ailleurs, voir même en France où, pourquoi pas, certains de ces membres auraient pu revenir.

Le pseudonyme Heurtelions se montre ici assez incompétent.

Le « distincte de la grande maison » du Puy-Montbrun

Si l’on en reste selon la règle de Wikipédia à se référer aux auteurs les plus récents on observe : 
◊ que depuis 1997, Régis Valette se répète1 (distincte de…)
◊ qu’en 1977, F de Saint-Simon et E de Seréville écrivent2 à propos de ladite grande maison du Puy-Montbrun et de la famille du colonel du Puy-Montbrun (dans un supplément qui annule la notice précédente) que :
« le rattachement » [entre les deux familles NDLR] « n’est pas établi de façon indiscutable, mais il est bien possible qu’une ligne détachée de cette maison » [celle du colonel] « se soit établie en Dauphiné et ait formé… » [la grande maison du Puy-Montbrun citée par Régis Valette].

Ainsi deux auteurs récents se contredisent-ils à la même date. La moindre honnêteté intellectuelle dont le pseudonyme Heurtelions semble être dépourvu implique de présenter au lecteur ce que l’on sait. Dans le cas des sources récentes, on ne sait pas. Donc on le dit.

C’est alors que la moindre honnêteté intellectuelle consiste alors à s’informer plus avant.
En faveur de l’origine commune, ainsi qu’on l’a montré :

Alexandre Du Mège voit dans les familles du Puy-Melgueil et du Puy-Montbrun une descendance commune3.
On lit en effet que « cette descendance commune a été reconnue par les chefs des deux branches de du Puy-Melgueil et de du Puy-Montbrun dont les pères avaient fait les preuves exigées à la cour, et étaient montés dans les carrosses du Roi ».

Il s’appuie sur « de nouvelles recherches et de nouvelles preuves » et l’hypothèse d’une absence de rapport généalogique entre les deux familles ne lui « paraît pas soutenable ».

Borel d’Hauterive en convient aussi en disant4 que l’« on pourrait cependant conclure des traditions et des preuves de M le Comte du Puy-Melgueil que l’ancienne maison qu’il représente a une origine commune avec les du Puy Dauphinois ».

Magny dit de même5: « On pourrait cependant conclure des traditions et des preuves de M le comte du Puy-Melgueil, chevalier de Malte, que l’ancienne maison qu’il représente a une origine commune dès le temps de croisades avec les du Puy, Dauphinois ».

Adolphe de Coston qu’il faut lire avec précaution6 ne le dit pas7 mais le rend possible. On est en 1878 et il a pris en compte le transfert du Montbrun à la famille du Puy-Melgueil. Il parle de la famille « du Puy-Montbrun de Melgueil du Languedoc » [de l’Albigeois en Languedoc NDLR] dont la noblesse est au moins aussi ancienne que celle des du Puy [du Dauphiné].

Saint-Allais enfin, non seulement le dit très explicitement – quoiqu’en s’interrogeant – mais en commente aussi largement la possibilité dans quatre pages de texte, de la page 23 à la page 27.

En défaveur de l’origine commune il n’y a aucun généalogiste qui présente une argumentation digne de ce nom (dont Régis Valette lui même).

L’origine commune de ces deux familles (ou maisons) n’est pas validée le généalogiste du Roi, Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin.

Or il a disposé pour en juger des pièces originales prouvant les filiations de ces deux familles, données par un Jacques du Puy pour les du Puy du Dauphiné et un Marc-Antoine-Guillaume du Puy pour les du Puy de l’Albigeois lors de leurs deux demandes communes d’admission aux Honneurs de la Cour, en 1787 pour l’un et en 1788 pour l’autre.

En rejoignant ici8 Benoît de Fauconpret qui en 2012, une source récente – donc appréciée par Wikipédia mentionne le « rigorisme presque fanatique » de Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin qui ne s’appuie que « sur des titres originaux », nous concluons qui si origine commune il y avait, elle ne sera jamais démontrée.

Conclusion

Entre ce qui vient d’être dit d’une part et le lapidaire « aucun lien généalogique » du pseudonyme Heurtelions, d’autre part immédiatement démenti par une source de même date que la sienne, il y a une différence dans la façon de présenter dont le lecteur jugera.

Pour nous, aucune confiance – et c’est peu dire – ne peut être faite à ce pseudonyme qui nuit au colonel du Puy-Montbrun par son propos, et à Wikipédia par son comportement aussi. On pourrait suggérer aux administrateurs de l’écarter de l’Encyclopédie. Elle vaut, heureusement, grâce à des utilisateurs bien plus honnêtes au regard de ses règles.

notes

  1. 1 | Voir Régis Valette, Catalogue de la noblesse française contemporaine, Robert Laffont, 1977.
  2. 2 | F de Saint-Simon et E de Seréville, Dictionnaire de la noblesse française, Supplément, 1977, Éditions Contrepoint, 4, rue Cassette, Paris VIe, page 315.
  3. 3 | Voir page 905 en bas à gauche : https://books.google.fr/books?id=N5kOAAAAQAAJ&pg=PA905&lpg=PA905&dq=descendance+commune=onepage&q=descendance%20commune&f=false#v=snippet&q=descendance%20commune&f=false.
  4. 4 | Voir : https://books.google.fr/books?id=bJhAAAAAcAAJ&pg=PA327&dq=origine+commune&hl=fr&sa=X&ei=-2gHVfDmGYfqoATe8oLQCg&ved=0CCEQ6AEwAA#v=onepage&q=origine%20commune&f=false.
  5. 5 | Voir : https://books.google.fr/books?id=mN8t87Ftk8QC&pg=PA378&dq=origine+commune&hl=fr&sa=X&ei=FsY3VfHhN4fgoAS1zoHYBA&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=origine%20commune&f=false.
  6. 6 | La lecture d’Adolphe de Coston qui édite une Histoire de Montélimar en 1878 ne manque pas de faire apparaître des propos de complaisance à l’égard des personnes qui comptent dans cette ville. Il faut bien vendre !
  7. 7 | Voir : https://books.google.fr/books?id=cqdCAAAAYAAJ&pg=PA78&dq=%20Melgueil+noblesse+aussi&hl=fr&sa=X&ei=FsY3VfHhN4fgoAS1zoHYBA&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=Melgueil%20noblesse%20aussi&f=false.
  8. 8 | Benoît de Fauconpret, Les preuves de noblesse au XVIIIe siècle, Éditions Patrice du Puy, 28, rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris, page 40.