Chapitre 11

La famille du Puy-Melgueil
condamnée lors des recherches noblesse

Les Recherches de Noblesses ont été particulièrement étudiées :
◊ dans un l’ouvrage récent (2017) d’Arnaud Clément : Les Recherches de la Noblesse (1666-1729), familles maintenues, déchargées ou condamnées, Éditions Patrice du Puy, 28 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris. 
◊ Dans un autre ouvrage à peine moins récent (2012), celui de Benoît de Faucompret, les preuves de noblesse au XVIIIe siècle, Éditions Patrice du Puy, 28 rue Geoffroy Saint- Hilaire, 75005 Paris.

Observations sur les Recherches

Si l’on veut faire court à l’attention du lecteur, on propose d’en retenir1 :

◊ La multiplication des nobles après la guerre de cent ans 
« Le trait principal caractérisant ces « nobles » en est l’origine urbaine, l’acquisition d’offices ou de petites charges de justice ou  encore l’accumulation de richesses issues d’activités commerçantes qui permettent ensuite à de nouvelles familles d’acquérir des terres privilégiées à la campagne puis d’obtenir une franchise personnelle et et de mener un train de vie comparable à la petite noblesse. Être noble, c’est alors vivre noblement. » (Arnaud Clément, Op.cit.,page 10).

◊ Les désagréments qui s’en suivent
Le pouvoir monarchique s’en est inquiété puisque la qualité de noble ne pouvait être conférée que par le Roi.
Les financiers du Roi déplorent ces multiples nobles qui par usurpation et privilèges de noblesse s’exemptent de contributions.

◊ La décision des Recherches
L’ancienne noblesse a la volonté d’endiguer le flux des nouveaux nobles et fait réclamation au Roi lors des États Généraux de 1560 et 1576.
Le Roi prend alors des ordonnances très sévères sur les recherches des faux nobles, usurpateurs de noblesse (Op.cit., page 10).

◊ Les erreurs très tôt apparues de ces Recherches
On peut retenir de la recherche des faux nobles le testament politique de Colbert en 1683 qui en montre les limites :
« J’ai dit ici à votre Majesté que la manière dont s’est faite la recherche de la Noblesse a été extrêmement à charge aux Gentilshommes. J’estime donc que pour qu’ils ne soient pas sujets à l’avenir de pareilles vexations, il faut chercher un expédient pour le faire connaître. Il est fort aisé, il en faut faire une bonne fois une recherche exacte mais qui ne passe point pas les mains des Partisans ». (Op.cit., page 25).

Les « mains des Partisans » peuvent se dire différemment.
Ainsi Saint-Simon dans ses Mémoires a-t-il fait valoir que les recherches avaient créé plus de nobles encore : il suffisait de payer les commissaires enquêteurs :
« On sait assez comment se font ces recherches de noblesse : ceux qui en sont chargés ne sont pas de ce corps… le haïssent et ne songent qu’à l’avilir… et font force nobles pour de l’argent » (Mémoires de Saint Simon mentionnés Op.cit., page 10).

Même si cette moquerie est à prendre avec précaution, il est évident que les faux nobles les plus riches n’en étaient pas à un arrangement près.
Ainsi « certains  usurpateurs riches, entrant en composition avec les traitants, … étaient déclarés nobles sur des titres faux ou insuffisants » (Op.cit., page 14).

Et pour d’autres qui avaient probablement déplu, « il arriva que de véritables gentilshommes, après avoir justifié leurs titres étaient renvoyés avec condamnation ». (Op.cit., page 14).

◊ Les corrections restées vaines
On chercha à corriger les défauts les plus évidents des premières recherches en nommant des Intendants ou Commissaires généraux par provinces sous l’autorité desquels se fit la première grande recherche en 1666. Ce qui n’a pas empêché Colbert d’y voir en 1683 les « mains des Partisans » évoquées ci-dessus.

Pire. Deux ans après l’Édit de Nantes était révoqué.
La recherche suivante qui apparaît n’avoir eu cure des regrets de Colbert n’a pu être que particulièrement à charge pour les familles nobles protestantes restées en France dont les preuves ont été examinées par des limiers tous catholiques.

Les deux condamnations de la famille du Puy-Melgueil

La famille du Puy-Melgueil, alors Protestante, sera condamnée deux fois pour fausse noblesse.

La première fois en la personne de Jean du Puy de la Bousquetie, le nom porté alors par cette famille, lors de la première recherche qui a débuté en 1666 comme le montre ci-dessous un extrait du Compte général des amendes mises par M Bazin de Bezons pour le Diocèse de Lavaur2.

Ce « Jean Dupui de la Bousquetie » est l’arrière grand-père de Marc-Antoine-Guillaume du Puy, admis aux honneurs de la Cour. 

Une seconde fois lors de la deuxième recherche commencée en 1696 ce que l’on voit dans l’Inventaire sommaire des archives de la Haute Garonne et le jugement de M de Lamoignon3.

Ce « Dupuy, sieur de Riverolles » ne peut être que Marc-Antoine du Puy, fils du précédent et grand-père de Marc-Antoine-Guillaume du Puy qui sera admis aux Honneurs de la Cour.

La conclusion, que fortifie le règlement des Honneurs de la Cour: Généawiki, une imperfection majeure !

On ne peut d’abord mieux conclure la prudence à manifester à égard de cet épisode de recherche des faux nobles qu’en rappelant la décision du Roi Louis XV. Son règlement interdit tout simplement de prendre en compte les conclusions des Recherches de noblesse.

On lit que le « Règlement fait par le Roi pour les aspirants aux honneurs de la Cour et à la présentation » défend au généalogiste du Roi qui va examiner les preuves des candidats de se référer aux Recherches4 et :
« d’admettre… aucun… des jugements rendus par nos différents commissaires lors des diverses recherches de noblesse faites dans notre royaume » comme on le lit dans le Règlement de 1760.

Ensuite on doit ajouter que cette interdiction faite par le Roi à son généalogiste a été particulièrement suivie par l’un d’entre eux, on le verra plus loin, Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin.

En 1788, Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin innove par rapport aux usages précédents en refusant un certificat de noblesse à une famille dont l’assurance de noblesse venait de la Recherche au motif qu’elle était falsifiée5.

Benoît de Faucompret fait ainsi remarquer (op.cit. page 40) l’évolution singulière qui se fait en trois-quarts de siècle chez les généalogistes des ordres : après avoir accepté les filiations mêmes fausses, données par les arrêts de maintenue, ils en viennent à dénier toute valeur à ces arrêts s’ils ne s’appuient pas sur des titres originaux.
À la relative facilité de Pierre de Clairambault a succédé le rigorisme presque fanatique du second Chérin [Louis-Nicolas-Hyacinthe NDLR].

On présentera plus tard le pseudonyme Pierr01 qui gère les notices généalogiques de Généawiki. On donne toutefois ici ce qui est écrit sur la famille du Puy-Melgueil présentée6 sous le nom du Puy de la Riverolle en rapport avec les Recherches dont Généawiki fait grand cas.

L’objet de ce qui est écrit ci-dessus est de justifier sous l’autorité du pseudonyme Pierr01 une prétention à soutenir – contrairement à ce que disent tous les généalogistes que l’on vient de citer – que la famille du Puy-Melgueil n’est pas noble.

À l’appui de quoi est présenté un résultat des Recherches alors que l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire conduirait à citer le fait et à le remettre aussitôt dans le contexte que nous allons décrire.

Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin, on le verra, mentionnera en effet explicitement ces condamnations lors de Recherches de noblesse mais dira qu’il ne peut leur accorder quelque crédit que ce soit à l’examen de titres originaux qui lui ont été présentés.

Un mot sur les protestants

Les familles nobles protestantes – surtout si elles sont d’un niveau social qui ne leur permettent pas de convaincre les commis du Roi, l’auraient-elles fait d’ailleurs ? ont probablement été de celles qui ont le plus souffert des recherches de noblesse

Ce qui est intéressant dans le cas de la famille du Puy-Melgueil c’est la date de son admission – 1789 – un peu plus d’un an après l’Édit de Tolérance du 29 novembre 1787.

Par cet édit, le roi Louis XVI accorde aux protestants un état civil. Il leur assure le droit d’exister dans le royaume sans y être troublés sous le prétexte de religion.

Ce faisant le Roi va permettre aux familles nobles protestantes déchues de leur noblesse lors des recherches de montrer sans qu’on ne cherche plus à le cacher que cette déchéance pouvait avoir été due à leur confession et qu’elle doit être levée. C’est notre hypothèse. Le lecteur nous la permettra.

Cela va être confirmé de la main même de Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin et peut-être, nous le montrerons, à la suite d’une première présentation au Roi que celui-ci a refusée, ce qui a conduit le généalogiste du Roi à défendre sa position avec des notes au Roi dont nous disposons aujourd’hui. Une chance !

chapitre 10

La famille du Puy-Melgueil

chapitre 12

La famille du Puy-Melgueil
et son admission aux Honneurs de la Cour

notes

  1. 1 | Les informations qui suivent sont extraites de l’ouvrage cité d’Arnaud Clément.
  2. 2 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9063943r/f15.item.
  3. 3 | Voir : https://books.google.fr/books?id=SWpHAAAAYAAJ&pg=PA95&f=false#v=onepage&q&f=false.
  4. 4 | Voir le règlement cité par Borel d’Hauterive : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36578b/f292.image.r=.langFR.
  5. 5 | Benoît de Faucompret, Op.cit., page 40.
  6. 6 | Voir : https://fr.geneawiki.com/index.php/Famille_Dupuy_de_La_Riverolle.