Chapitre 12

La famille du Puy-Melgueil
et son admission aux Honneurs de la Cour

Le dossier de la Bibliothèque Nationale

Avec celui de Jacques du Puy – dossier 3342, du Puy en Dauphiné1 – on dispose du dossier d’admission d’un membre de la famille du Puy en Albigeois avec un titre de vicomte du Puy-Melgueil à la Bibliothèque Nationale dans le même fonds Chérin 165, au dossier qui le précède, le n°3341 : du Puy en Albigeois2.

C’est celui de Marc-Antoine-Guillaume du Puy, branche de la Riverolle des du Puy de l’Albigeois. 

Par la proximité du nom des du Puy du Dauphiné et de l’Albigeois les deux dossiers se suivent et sont indiqués à la suite l’un de l’autre par François Bluche dans son ouvrage récent : Les Honneurs de la Cour, Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, Paris, 2000. Les du Puy du Dauphiné et de l’Albigeois font partie des 462 dossiers de familles qui ont été capables de présenter une filiation prouvée, remontée au moins à l’année 1400, de noblesse sans principe – et donc jamais anoblies (op.cit. page 19).

On lit dans Bluche3 (op.cit. à la page 50) l’extrait que l’on présente ci-dessous où Bluche cite les observations de Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin sur l’ancienneté des deux familles.

Les principaux éléments du dossier de la famille du Puy-Melgueil

1 / La mention du demandeur
On lit dans la page présentée ci-dessous du mémoire [Voir Annexe 12B] de Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin le nom du demandeur « Marc-Antoine-Guillaume du Puy, Chevalier, Seigneur de la Riverolle » avec la mention : « c’est lui qui demande à avoir l’honneur de monter dans les carrosses de Sa Majesté ». 

2 / Les trois branches (deux branches et un rameau) pour lesquelles le demandeur a fourni les pièces originales permettant d’établir les filiations
La filiation établie pour les Honneurs de la Cour porte (et ne porte que) sur trois branches des du Puy de l’Albigeois dont les preuves ont été présentées. Elles se séparent au XVIe siècle après un important tronc commun [Voir Annexe 12A] :
◊ la branche du demandeur, branche cadette dite de la Riverolle,
◊ un rameau de cette dernière dite du Tour
◊ la branche aînée dite soit du Colombier, soit de Cugnac (ou Cagnac) qui est celle du colonel du Puy-Montbrun.

3 / Le titre qu’il a voulu prendre 
Le titre de vicomte du Puy-Melgueil qu’il a voulu prendre est donné par l’Extrait des Titres4 [les titres étant ici les preuves présentées NDLR] qui a fait l’objet d’une double expédition en 1789. 

Incidemment, ce document a l’intérêt plus général de montrer que les preuves sont produites en vue « de monter dans les carrosses de Sa majesté et de le suivre à la chasse ». Ce qu’ignore, on l’a vu, le pseudonyme Heurtelions (Wikipédia) qui impose au lecteur [Voir Annexe 4G] que ce n’est pas un signe d’admission aux honneurs de la Cour que de monter dans les carrosses. François Bluche a montré que l’observation faite par de ce pseudonyme est fausse. On le voit aussi dans ce document. 

4 / Les pièces qui lui ont manqué  
Comme il en a été de Jacques du Puy qui a fait appel à un généalogiste du XVIIe siècle, Guy Allard pour les deux premiers degrés de sa filiation ne disposant pas sur eux de pièces originales montrant que la seigneurie de Montbrun appartenait à ses aïeux directs, Marc-Antoine-Guillaume du Puy a présenté des informations, voir ci-dessous in fine, issues des travaux de Dom Vaissète pour les premiers degrés pour faire apparaître une alliance Melgueil.

On le voit ci-dessous dans le document5 présentant la filiation des du Puy en Albigeois paraphé par LNH Chérin (vu Ch.) disponible à la Bibliothèque Nationale.

Cette référence écrite en 1788 est aujourd’hui, grâce à internet, immédiatement accessible au lecteur (lire en bas de la page 645) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040109b/f665.image.r=.langFR

Les remarquables travaux des moines de la congrégation de Saint-Maur – dont ceux de Dom Vaissette et Dom Devic – ont été acceptés comme ceux de Guy Allard, valant preuve originale pour Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin probablement toujours par le même intérêt qu’il montrait pour les familles de très ancienne noblesse. On l’a déjà souligné.

Incidemment, à la lecture des manuscrits on voit citer un autre auteur sous la forme : Bibliothèque du Roi, manuscrit de Doat, volume 105, fol. 340, année 1232, Évêché d’Alby. ll n’est pas étonnant qu’une famille féodale puissante ait fait l’objet d’études. On ne sait pas si elles confirmaient ou tenaient lieu de preuves originales. Quoi qu’il en soit Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin en a tenu compte.

La certitude de la réception aux Honneurs de la Cour

L’assurance de la réception aux Honneurs de la Cour est donnée avec certitude aujourd’hui par la Gazette de France.

François Bluche rappelle (op.cit. page 30) « que le caractère officiel de la Gazette pour les honneurs de la Cour est attesté par une correspondance de 1781 entre Chérin, le duc de Richelieu et Vergennes… Bibliothèque Nationale, Chérin 100 ». 

Il se trouve que Marc-Antoine-Guillaume est nommé dans deux gazettes, la première ayant conduit à une mauvaise orthographe du nom avec lequel il est reçu (Malgueil). On note s’il le fallait la correction d’erreurs, toujours de règle dans un document officiel.

On lit dans la : Gazette de France6, n°20 du mardi 10 mars 1789, page 98.

Gazette de France7, n°22 du mardi 17 mars 1789, page 106. 

 

Une réception qui n’a pas été obtenue aisément

C’est dans l’ouvrage du vicomte de Marsay De l’âge des privilèges au temps de vanités, Éditions Contrepoint, Paris, 1977, l’une des premières études exhaustives des Honneurs de la Cour, que l’on trouve8 une mention intrigante que Marsay cite comme étant de la main même du Roi au droit du dossier d’admission de Marc-Antoine-Guillaume du Puy, présenté par Chérin comme le vicomte du Puy. 

On lit dans l’extrait de cet ouvrage présenté ci-dessous :

À gauche, le « ne se peut » de la main du Roi marque un refus catégorique du dossier du vicomte du Puy présenté par son généalogiste. 

Le « j’ai besoin… Bon » montre que l’admission a ensuite été acquise après les explications de son généalogiste.

Aucun élément n’est donné par Marsay sur les raisons de cet accord final.
On formule toutefois ici une hypothèse. Le lecteur pourra juger de sa pertinence.

Cette hypothèse peut présenter un intérêt généalogique pour ceux qui sont intéressés par les familles de protestants qui, alors que leur noblesse est certaine, ont été déclarés « faux nobles » lors des Recherches de Noblesse et figurent aujourd’hui comme tels dans les listes établies lors des différentes Recherches.

Cette hypothèse s’appuie sur les écrits du généalogiste du Roi, Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin disponibles à la Bibliothèque Nationale.

chapitre 11

La famille du Puy-Melgueil
condamnée lors des recherches noblesse

chapitre 13

La famille du Puy-Melgueil et L’engagement du généalogiste du Roi Louis-Nicolas-Hyacinthe Chérin en faveur des protestants

notes

  1. 1 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100810923/f120.image.r=Chérin%20165.
  2. 2 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100810923/f68.image.r=Chérin%20165.
  3. 3 | François Bluche mentionne Louis-Nicolas-Hyacintne Chérin par son seul prénom Nicolas (op cit. page 30).
  4. 4 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100810923/f101.image.r=Chérin%20165.
  5. 5 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100810923/f69.image.r=Chérin%20165.
  6. 6 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6386537r/f4.item.zoom.
  7. 7 | Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6386539k/f4.item.zoom.
  8. 8 | Marsay donne les noms des personnes qui demandent à avoir l’honneur de monter dans les carrosses de Sa Majesté issus du dossier MM 816. des Archives Nationales.
    Il reproduit à gauche, en italiques, devant chaque nom, les annotations de la main même du Roi.